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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 12:19

Comme certains habitants nous l’ont fait remarqué, il y avait à la Duchère, vers la fin des années 70, une estafette Renault qui approvisionnait le quartier en lait et petite épicerie. A l’origine, l’estafette appartient au langage militaire, c’est celui qui porte les courriers à cheval. Aujourd’hui, si nous ne portons plus de lait et surtout pas de courrier militaire, il reste quelque chose d’amusant dans cette parenté, la proximité et la (relative) vélocité d’installation. Donc, si vous souhaitez témoigner sur cette fameuse estafette ou même si vous avez des photos de ce véhicule contactez-nous au 04 78 89 17 70.

Depuis quinze jours, nous avons quelque peu modifié nos actions sur les abords de la 230. Nous proposons un nouveau répertoire de rue pour adultes, les célèbres histoires de Nasredine Hodja : ces éternelles facéties nous rappelle à la sagesse populaire qui savait prendre une distance satirique avec les maux du quotidien. En effet, nous avons remarqué que les habitants étaient un peu moins disponibles pour engager la conversation, nous demander ce que nous faisons là... Le groupe d’enfants qui participe à toutes nos actions se renouvelle moins…Dans le même temps, nous avons aussi compris que les premiers déménagements avaient eu lieu et que donc certaines familles partaient vers les nouveaux appartements. Bref le climat s’est quelque peu refroidi. Quand nous discutons avec les habitants, nous voyons bien que certains ne comprennent pas forcément ce que nous faisons là, pour quel compte travaillons nous ? Cela nous donne l’occasion de repréciser notre projet :

Nous sommes actuellement dans la première phase d’un projet artistique qui doit se construire à partir de la richesse culturelle des habitants de l’immeuble 230, pendant la période du relogement. Cela veut dire que nous « accompagnerons» ceux qui voudront participer, du départ à l’arrivée, tout en parlant, justement, du « déplacement » et des questions humaines qui se posent pendant. Donc, comme nous l’avons entendu, nous ne ferons pas de porte-à-porte pour prendre des photos de l’intérieur des gens. Nous n’avons pas de regard documentaire ou scientifique mais un regard sensible sur, notamment, le décor et les accessoires du quotidien, parce qu’ils fixent notre mémoire, nos sensations, un état. Pour entendre ces « témoins », il faut leur donner une voix, la vôtre, d’où la nécessité de se rencontrer pour faire parler toutes ces choses. Une parole sur un sujet, un décor et une présentation au public, ce sont déjà les ingrédients d’une action théâtrale, spectaculaire, dont nous ne connaissons pas la ou les formes. Pourquoi ? Parce que nous voulons le faire ensemble.

Il est utile de préciser que nous ne sommes absolument pas en charge des affectations des appartements, ni même intermédiaire d’informations. Enfin, il n’y a pas de commanditaire unique à ce projet, mais l’ensemble des partenaires du Grand Projet de Ville.

Au menu des semaines suivantes, nous continuerons nos prises de rendez-vous avec les habitants, soit chez eux, soit à la MJC, soit… où nous voulons. Cet entretien préalable a pour but de mieux nous connaître, tout en expliquant notre démarche et indiquer - peut-être - où regarder si l’on veut retrouver des petits trésors. Il y a bien là comme une « fouille archéologique de sauvetage » telle que l’identifie Nadine Halitim dans son ouvrage « la vie des objets » car le temps a déposé des couches et des couches d’oubli ou d’indifférence sur ce matériel précieux. Voilà le premier intérêt d’un projet artistique, écouter une voix qui n’a rien à dire, comme une parole devant être entendue par tous, regarder quelque chose d’apparemment banal, une estafette Renault, comme la messagère des souvenirs précieux.DSC07962

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